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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

lui appartiennent cependant pas, et aussi de celles par lesquelles on essaye de démontrer l’existence de Dieu, mais sans succès ; et enfin des règles d’une vraie définition.

Pour cela, nous ne nous préoccuperons pas des images que les hommes se font habituellement de Dieu ; mais nous résumerons brièvement ce que les philosophes ont coutume d’en dire. Par exemple ils ont défini Dieu, un être qui subsiste par lui-même ou qui ne sort que de lui-même[1], cause de toutes choses, tout-puissant, omniscient, éternel, infini, souverain bien, d’une infinie miséricorde, etc. Mais, avant d’entreprendre cette recherche, voyons d’abord ce qu’on nous accorde :

1o  D’abord ils disent qu’aucune définition vraie et adéquate ne peut être donnée de Dieu ; car ils n’admettent aucune définition que celle qui se fait par le genre et la différence ; or, comme Dieu n’est pas une espèce dans un certain genre, il ne peut être correctement et régulièrement défini.

2o  Ils disent en outre que Dieu ne peut pas être défini, parce que la définition doit exprimer la chose en elle-même et d’une manière affirmative, tandis qu’on ne peut pas parler de Dieu d’une manière affirmative,

    trerons par des raisons claires et distinctes. Il est vrai que, de ces attributs en nombre infini, nous n’en connaissons jusqu’ici que deux par leur essence propre, à savoir la pensée et l’étendue. En outre, tous ceux qui sont communément attribués à Dieu ne sont pas des attributs, mais seulement certains modes qui peuvent être affirmés de lui, soit par rapport à tous ses attributs, soit par rapport à un seul ; par exemple, par rapport à tous, on dira que Dieu est éternel, subsistant par lui-même, infini, cause de tout, immuable ; et, par rapport à un seul, par exemple, qu’il est omniscient (ce qui se rapporte à l’attribut de la pensée), qu’il est partout, qu’il remplit tout (ce qui a rapport à l’attribut de l’étendue). (MS)

  1. C’est la différence de von et aus (van et uyt), ab ou ex, c’est-à-dire de la cause efficiente et de la cause matérielle. (P. J.)