Page:Spoelberch de Lovenjoul - Autour de Honoré de Balzac, 1897.djvu/58

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homo, comme les premiers peintres, vous vous imaginez être des artistes merveilleux ! Ah ! ah ! vous n’y êtes pas encore, mes braves compagnons ! Il vous faudra user bien des crayons, couvrir bien des toiles, avant d’arriver. Assurément, une femme porte sa tête de cette manière, elle tient sa jupe ainsi, ses yeux s’alanguissent et se fondent avec cet air de douceur résignée, l’ombre palpitante des cils flotte ainsi sur les joues ! C’est cela, et ce n’est pas cela. Qu’y manque-t-il ? un rien ; mais ce rien est tout. Vous avez l’apparence de la vie, mais vous n’exprimez pas son trop-plein qui déborde, ce je ne sais quoi qui est l’âme peut-être, et qui flotte nuageusement sur l’enveloppe ; enfin, cette fleur de vie que Titien et Raphaël ont surprise. En partant du point extrême où vous arrivez, on ferait peut-être d’excellente peinture ; mais vous vous lassez trop vite. Le vulgaire admire, et le vrai connaisseur sourit. Ô Mabuse ! ô mon maître ! ajouta ce