Page:Spoelberch de Lovenjoul - Autour de Honoré de Balzac, 1897.djvu/65

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semblaient humides, sa chair était agitée, les tresses de ses cheveux remuaient. Elle respirait ! Quoique j’aie trouvé le moyen de réaliser sur une toile plate le relief et la rondeur de la nature, ce matin, au jour, j’ai reconnu mon erreur. Ah ! pour arriver à ce résultat glorieux, j’ai étudié à fond les grands maîtres du coloris ; j’ai analysé et soulevé, couche par couche, les tableaux de Titien, ce roi de la lumière ; j’ai, comme ce peintre souverain, ébauché ma figure dans un ton clair, avec une pâte souple et nourrie, car l’ombre n’est qu’un accident, retiens cela, petit. Puis, je suis revenu sur mon œuvre et, au moyen de demi-teintes et de glacis dont je diminuais de plus en plus la transparence, j’ai rendu les ombres les plus vigoureuses et jusqu’aux noirs les plus fouillés, car les ombres des peintres ordinaires sont d’une autre nature que leurs tons éclairés ; c’est du bois, de l’airain, c’est tout ce que vous voudrez, excepté de la chair