Page:Spoelberch de Lovenjoul - Les Lundis d’un chercheur, 1894, 2e éd.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

102 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. l’on compare ce chiffre modeste à celui des nom- breux ouvrages d’Eugène Sue ou de Frédéric Soulié. En revanche, longtemps après que les écrits et peut-être même les noms de ces féconds auteurs seront pour jamais oubliés, Alfred de Vigny leur survivra encore, placé à côté des écrivains qui représenteront dans l’a- venir avec le plus de pureté et d’éclat la poésie française du dix-neuvième siècle. Ce souci perpétuel du mieux, qui le poussait a corriger sans cesse ses ouvrages, a rendu l’auteur de Stello plus sévère envers lui-même que ne l’eût été le plus rigoureux de ses cri- tiques. Il apportait aux réimpressions de ses livres les mêmes scrupules que Balzac, et nous voyons, en comparant entre elles les différentes éditions de ses poésies, qu’il a supprimé de ses œuvres un poème entier, et diminué con- sidérablement plusieurs autres morceaux qui, tout remarquables qu’ils sont restés, n’ont peut-être, pas gagné pourtant à ces modifica- tions. M. Safinte-Beuve, dans un article de la Revue des Deux Mondes du 15 octobre 4835, réim- primé dans ses Portraits contemporains, signalait,