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Page:Spoelberch de Lovenjoul - Les Lundis d’un chercheur, 1894, 2e éd.djvu/115

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108 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. de leur maison, leur donna un peu de cette terre qu’il devait quitter plus tôt qu’eux ; et le souvenir de Saint-Just créa Sainte-Suzanne. » Là s’arrêtèrent enfin les bons religieux, quand on leur eut dit, comme au peuple de Dieu Israël. habitera sur cette terre dans une pleine assurance, et y habitera seul. Ils reprirent avec joie leurs travaux douloureux. Un grand nombre d’Espagnols vinrent chercher l’oubli de la vie et la paix de l’âme dans ce continuel souvenir de la mort et ces fatigues assidues du corps. Dom Gerasime d’Alcantara remplit le premier cette dignité d’abbé, où l’on n’a d’autre privilège (selon leurs expressions) que de se lever plus tôt et de se coucher plus tard, c’est-à-dire quelques peines de plus. Tout en vivant dans les pratiques de la régularité pri- mitive, la république muette marchait à son but de se suffire à elle-même. Les frères labou- raient, semaient et moissonnaient eux-mêmes, afin d’acquérir de quoi donner l’hospitalité à des voyageurs, qui souvent sont venus chercher dans leur cloître un aliment à de lâches plai- santeries et à des récits ironiques et menson- gers. Ce couvent, le seul de l’ordre qui fût en