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Page:Spoelberch de Lovenjoul - Les Lundis d’un chercheur, 1894, 2e éd.djvu/128

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ALFRED DE VIGNY. 121 L’invite la lumière, et par une eau glacée, Veut voir de son beau front la pâleur effacée. Mais son fils, d’une épouse ignorant le danger, L’appelle et dans ses pleurs accuse l’étranger. a L’étranger ! quel est-il ? Parcourons la demeure, n Dit le maître irrité que cet assassin meure Des suivantes alors le cortège appelé, Se tait ; mais le désordre et leur trouble ont parlé. 11 revient, arrachant ses cheveux et sa robe ; Sous la cendre du deuil sa honte se dérobe ; Ses pieds sont nus ; il dit : a Malheur ! Malheur à vous ! p Venez, femme,’à l’autel rassurer votre époux, n Ou, par le Dieu vivant qui déjà vous contemple » Elle dit, en tremblant : « Seigneur, allons au temple. On marche. De l’époux les amis empressés L’entourent tristement, et, tous, les yeux baissés, Se disaient « Nous verrons si, dans la grande épreuve, Sa bouche de l’eau sainte impunément s’abreuve. » On arrive en silence au pied des hauts degrés Où s’élève un autel Couvert d’habits sacrés Et croisant ses deux bras sur sa poitrine sainte. Le prêtre monte seul dans la pieuse enceinte. La poussière de l’orge, holocauste jaloux Est d’une main tremblante offerte par l’époux. Le pontife la jette à la femme interdite, Lui découvre la tête, et tenant l’eau bénite a Si l’étranger jamais n’a su vous approcher, D Que l’eau, qui de ce vase en vous va s’épancher, D Devienne d’heureux jours une source féconde ; )1 Mais si, l’horreur du peuple et le mépris du monde, 1. L’autel des holocaustes. Le peuple ne pouvait pas entrer dans le temple, il restait dans une cour où était cet autel. (Mœurs des Israélites, chap. xx.) 2. Voyez les Nombres, chap. V. v, 15, 16, etc.