Page:Spoelberch de Lovenjoul - Les Lundis d’un chercheur, 1894, 2e éd.djvu/136

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ALFRED DE VIGNY. 129 à aucune édition de ses œuvres ; nous les don- nerons d’après l’ordre chronologique de leur publication. CHANT DE SUZANNE AU BAIN De l’époux bien-aimé n’entends-je pas la voix ? Oui, pareil au chevreuil, le voici, je le voie. Il reparaît joyeux sur le haut des montagnes, Bondit sur la colline et passe les campagnes. Oli 1 fortifiiez— m i mêlez des fruits aux fleurs 1 Car je languis d’amour et j’ai versé des pleurs. J’ai cherché dans les nuits, à l’aide de la flamme, Celui qui fait ma joie et que chérit mjn âme. Oh comment à ma couche est-il donc enlevé Je l’ai cherché partout et ne l’ai pas trouvé. Mon époux est pour moi comme un collier de myvrhe ; Qu’il dorm. : sur mon sein, je l’aime et je l’admire. Il est blanc entre mille et brille le premier ; Ses cheveux sont pareils aux rameaux du palmier ; A l’ombre du palmier je me suis reposée, Et d’un nard précieux ma tête est arrosée. Je préfère sa bouche aux grappes d’Engaddi. Qui tempèrent, dans l’or, le soleil de midi. Qu’à m’entourer d’amour son bras gauche s’apprête, Et que de sa main droite il soutienne ma tête 1 Quand son cœur sur le mien bat dans un doux transport, Je me meurs, car l’amour est fort comme la mort. Si ses cheveux sont noirs, moi je suis blanche et belle, Et jamais à sa voix mon âme n’est rebelle.