Page:Spoelberch de Lovenjoul - Les Lundis d’un chercheur, 1894, 2e éd.djvu/189

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182 LES LUXDIS D « l » CIIERCIIEGR. Renduel avait connu l’écrivain chez Victor Hugo, et avait publié en août 1833 son pre- mier volume de prose les Jeunes-France. Mais, cette fois, il s’agissait de lancer un ouvrage en deux volumes, réelle témérité pour vn éditeur de cette époque, surtout à propos d’un auteur peu connu encore, et âgé seulement de vingt- deux ans ! Mademoiselle de lllaupin pourtant ne devait pas voir le jour de sitôt. Pendant deux ans Théophile Gautier, plus épris de liberté que de travail, ou préférant la recherche de deux rimes bien assorties à toutes les perfections de sa prose savante et rythmée, abandonna et re- prit sans cesse l’œuvre promise. Une tradition conservée dans sa famille raconte qu’à cette époque le père du poète l’enferma souvent dans sa chambre, avec interdiction d’en sortir avant d’avoir achevé un nombre de pages dé- terminé des Grotesques ou de Mademoiselle de Maupin. Quand la bonté maternelle ne venait pas à son secours, l’espiègle —écrivain, qui de- meurait alors avec ses parents place Royale, trouvait souvent moyen de s’enfuir par la fe- nêtre, et d’échapper ainsi au pensum paternel.