Page:Spoelberch de Lovenjoul - Les Lundis d’un chercheur, 1894, 2e éd.djvu/29

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cidé à tirer parti de son sujet dans la Presse sous forme de nouvelle, avec ce titre : une Nuit de Cléopâtre.

Enfin, 1841 vit apparaitre la Giselle du poète, expressément composée pour Carlotta Grisi, après ses triomphants débuts sur la scène de la rue Lepelletier dans un pas de deux ajouté à la Favorite, et dansé avec Perrot. Mais la Giselle primitive n’était pas tout à fait celle du ballet représenté. Le second acte ne s’y passait point dans l’empire des Willis. Giselle, au contraire, reparaissait sur la terre, au milieu des siens, invisible pour tous, excepté pour Albert, et le contraste de la lutte amoureuse entre elle et Bathilde, entre la morte et la vivante, eût été saisissant, s’il faut en croire feu M. Paul Dalloz, de qui nous tenons ces intéressants détails. Mais le théâtre refusa d’accepter ce mélange de réel et de fantastique, dont le roman de Spirite offrit plus tard un si curieux exemple. Il fallut donc se contenter du royaume des ombres, et faire danser seulement dans la vapeur indécise du soir les dangereuses sirènes du lac enchanté. Carlotta Grisi fut incomparable dans ce rôle de Giselle. La délicieuse ar-