Page:Spoelberch de Lovenjoul - Les Lundis d’un chercheur, 1894, 2e éd.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

38 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. nies de toutes sortes, les leçons de grammaire et de civilité puérile et honnête que nous leur faisons subir. Gavarni, ce profond philosophe, a le premier constaté ce penchant dans sa série de dessins, les Enpcnts terribles, le plus éloquent plaidoyer qu’on ait jamais fait en faveur du célibat. En feuilletant ces tableaux d’uue vérité si grande, on se sent des envies de laisser finir le monde ! Car ils n’épargnent rien, ces monstres, avec leur candeur sournoise et leur naïveté machiavélique ils trahissent la mère et l’amant, le père et la maîtresse, le domestique et l’ami ; leur cruauté tenace s’en prend à tout. Les se-’ crets du boudoir, du cabinet de toilette et de la cuisine, rien n’est sacré pour eux. Ils dé- couvrent à l’amoureux désenchanté les men- songes cotonneux du corsage de madame ; ils apportent en plein salon le casque à mèche de monsieur. Chaque visiteur apprend par leur entremise le mot désobligeant qui a été dit sur lui. A celui-ci, l’enfant terrible demande pour- quoi il a des yeux comme des lanternes de ca- briolet ; à celui-là, pourquoi on n’a pas tiré de feu d’artifice à sa naissance. Que de catas- trophes, que de duels, que de séparations ont