Page:Spronck - L’an 330 de la République.djvu/50

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Il n’y a pas à insister sur cet effroyable drame de l’an 112. Personne n’en ignore les sombres péripéties, les chances longtemps incertaines, le dénouement brusque et imprévu. En cinq semaines, quinze millions de baïonnettes avaient été levées des confins de l’Oural au détroit de Gibraltar ; on s’était battu furieusement en Lorraine et en Pologne, sans cesse obligé à des changements de tactique par le perfectionnement des engins de guerre, les vainqueurs du jour vaincus le lendemain, la vie intérieure des peuples suspendue et ruinée, leur existence nationale toujours à la merci d’une catastrophe suprême, qui d’ailleurs ne se produisit nulle part. En cinq mois, les milliards engloutis ne se chiffraient plus ; quatre millions d’hommes avaient péri ; il y eut un moment de stupeur instinctive dans