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Page:Spyri - Encore Heidi, 1882.pdf/176

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guérie, elle comprit que cela était encore plus beau que tout le reste. Clara gardait le silence, sous l’empire de son ravissement, à la perspective de toutes les joies qu’elle entrevoyait dans l’avenir. Ce bonheur était presque trop grand pour son cœur, et le brillant soleil, le parfum pénétrant des fleurs, tout contribuait à la plonger dans une félicité qui la rendait muette. Quant à Pierre, lui aussi demeurait silencieux et immobile au milieu des fleurs embaumées, car il s’était profondément endormi. À cet endroit abrité par les rochers on sentait à peine un vent doux et délicieux qui murmurait dans les buissons ; de temps en temps Heidi quittait sa place et courait de ci et de là, trouvant toujours un coin plus beau que l’autre et s’asseyant partout où il lui semblait que les fleurs étaient plus abondantes ou que leur parfum était plus pénétrant parce que la brise l’apportait par bouffées.

Ainsi s’écoulaient les heures. Le soleil avait depuis longtemps marqué le milieu du jour, lorsqu’un petit détachement de chèvres apparut à quelque distance, s’avançant gravement vers la pente fleurie. Ce n’était pas leur pâturage habituel, on ne les y