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gens, au lieu de passer de longues journées tristement reléguée au fond d’un fauteuil de malade.

Il n’y avait pas loin jusqu’à la pente fleurie ; on voyait déjà à distance le brillant reflet d’or des hélianthèmes au soleil. On arriva ensuite près des touffes de campanules au milieu desquelles le gazon invitait à faire halte.

— Ne pouvons-nous pas nous asseoir ici ? demanda Clara. C’était aussi le désir de Heidi. Les enfants s’établirent donc au milieu des fleurs, Clara assise pour la première fois sur le sec et moelleux gazon alpestre, ce qui lui procura une nouvelle sensation de bien-être inexprimable. Tout à l’entour se balançaient les clochettes bleues, « l’herbe d’or » et la centaurée rouge étincelaient, et par-dessus tout s’élevait le doux parfum des petites têtes brunes d’orchis-vanille. Oh ! comme tout cela était beau !

Heidi elle-même ne l’avait jamais éprouvé comme ce jour-là ; elle ne savait pas pourquoi une si grande joie lui remplissait le cœur, si grande, qu’à chaque instant elle aurait voulu crier pour y donner essor. Puis, tout à coup, en se souvenant que Clara était