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À ce moment, Pierre apparut. En apercevant le groupe réuni devant le chalet, il s’avança lentement, tendit la lettre au Vieux, et dès que celui-ci l’eut entre les mains, il recula d’un air tout effarouché et tourna vivement la tête comme s’il avait eu peur de quelque chose derrière lui ; puis d’un bond il s’éloigna du côté du pâturage.

— Grand-père, demanda alors Heidi qui avait suivi cette scène avec étonnement, pourquoi Pierre fait-il toujours maintenant comme le Grand Turc quand il aperçoit le fouet derrière lui ? il commence par reculer, puis il secoue la tête de tous les côtés, et tout à coup il se met à faire de grands sauts en l’air.

— Peut-être que Pierre aperçoit aussi derrière lui le fouet qu’il mérite, répondit le grand-père.

Pierre gravit ainsi d’un seul trait toute la première pente, mais dès qu’on ne put plus l’apercevoir d’en bas, il changea d’allure. Il s’arrêtait à chaque instant, tournait la tête de tous les côtés d’un air craintif, — puis tout à coup il faisait un grand saut et regardait derrière lui aussi effrayé que si quelqu’un l’eût saisi au collet. Derrière chaque buisson, derrière chaque haie, Pierre s’attendait maintenant à voir