Aller au contenu

Page:Spyri - Encore Heidi, 1882.pdf/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 40 —

surance, et penser toujours : « le bon Dieu sait déjà maintenant quelle joie il m’enverra après, quand tout sera passé » ; il faut seulement attendre encore un peu et ne pas l’abandonner, et après, voilà que tout est changé, et on peut bien voir qu’Il gardait tout le temps quelque chose de bon pour nous. Mais avant, quand on ne voit que ce qui est triste, il semble que cela doit toujours rester comme ça.

— C’est une belle certitude, Heidi, garde-la toujours, dit le docteur.

Pendant un moment encore il contempla en silence les puissantes masses de rochers qui l’environnaient et la verte vallée illuminée par le soleil, puis il reprit :

— Vois-tu, Heidi, on pourrait être assis à cette même place et avoir sur les yeux une ombre épaisse à travers laquelle toute la beauté ne pourrait pénétrer. Alors le cœur est triste, doublement triste, parce qu’il devrait faire si beau ici ! Peux-tu comprendre cela ?

À ces paroles, une impression douloureuse traversa le cœur de Heidi. Cette ombre épaisse sur les yeux, dont parlait le docteur, lui rappelait la grand’mère qui ne pourrait plus jamais voir le soleil et