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Lorsque Pierre voulut faire comme les jours précédents et sauter par la fenêtre dans la neige fraîchement tombée, la chose se passa comme il ne s’y attendait guère. Il prit bien son élan, mais au lieu de tomber sur quelque chose de tendre, il s’étendit du coup sur une surface dure, et, pris par surprise, il glissa un bon bout de chemin le long de la pente de la montagne, comme un traîneau sans maître. Il réussit enfin à se remettre sur ses jambes et frappa du pied de toutes ses forces sur la couche de neige pour bien constater la cause de ce qui venait de lui arriver. C’était bien ça : de quelque côté qu’il frappât du pied, même avec les talons, il parvenait à peine à détacher du sol un petit morceau de glace ; l’alpe entière en était revêtue. Du reste, cela convenait à Pierre ; il savait que cet état de choses était nécessaire pour que Heidi pût monter de nouveau chez la grand’mère. Il retourna donc rapidement à la cabane, avala son lait, fourra son pain dans sa poche et dit en grande hâte :

— Il faut que j’aille à l’école.

— Eh bien, oui, vas-y, et apprends bien, répondit la mère pour témoigner son approbation.