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e tems fortuné de la paix dont a joui la Ruſſie par les ſoins maternels de Sa Majeſté Imperiale CATHERINE II. depuis ſon heureux avenement au trône de toutes les Ruſſies, a été marqué par tant d’établiſſemens utiles, & ſi viſiblement importans au bonheur de ſon Empire, que la poſterité ne s’en rappellera le ſouvenir qu’avec une ſatisfaction égale à ſa reconnoiſſance.

Les fondations d’hopitaux, jusqu’alors présqu’inconnus pour les enfans trouvés, de maiſons pour élever la jeuneſſe noble & bourgeoiſſe, de Colleges, d’Academies des beaux arts, de Commiſſions d’œconomie, de loix, de commerce & tant d’autres, d’oû comme d’une ſource ſalutaire découlent les ordonnances & les reglemens les plus utiles & les plus avantageux au bien général, ſont des témoins parlans des ſoins induſtrieux de notre Auguſte Souveraine pour le bonheur de ſon peuple.

C’eſt dans de ſi nobles occupations que cette pacifique Princeſſe a paſſé les cinq premieres années de ſon paiſible regne, uniquement appliquée à achever les grands projets de Pierre le Grand que ce Prince n’avait pu accomplir ; &, comme une veritable mere de la patrie, à faire monter l’Empire Ruſſe au comble de ſa gloire ; ce qui lui a gagné l’amour & les cœurs de ſes ſujets reconnoiſſans & la juſte admiration de toutes les nations de l’Europe.

Cette Sage Souveraine employa avec le même Zêle ces heureux loiſirs de la paix, non ſeulement à établir & affermir la tranquillité dans le ſein de ſon pays, mais encore à entretenir la concorde & l’harmonie avec tous les états voiſins de ſon Empire.

La Ruſſie était ainſi dans un jardin délicieux, près du temple de Ianus dont les portes étaient fermées, & voyait, avec une douce ſatisfaction, ſes enfans jouiſſans des doux fruits de la paix qu’elle leur avait procurée, s’amuſer avec Mercure & Minerve, lorsque la Diſcorde ſe gliſſant en ſecret auprès de l’envie à l’œil louche & de l’inquiète malice, les reveilla de leur ſommeil, & les força