Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/147

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Mme DE KERNADEC.

Y pensez-vous, monsieur de Kernadec ? Oubliez-vous que c’est devant moi que vous parlez ?

LE CAPITAINE.

Eh non ! madame ; eh non ! j’y pense très-fort. Avez-vous jamais eu d’infidélité à me reprocher ? Dans mes campagnes, je n’ai jamais emporté d’autre portrait que le vôtre ; les jours de combat, je le pends au mât d’artimon ; et quand le feu devient trop vif, je le mets dans ma poche, en disant, vogue la galère ! N’est-ce pas tendre cela ? Madame de Kernadec, je vous demande si un officier de terre seroit plus galant ?

Mme DE KERNADEC.

Non assurément. Mais il ne s’agit pas de tout cela ; j’ai quelque chose d’important à vous communiquer. Je voudrois vous parler seul.

LE CAPITAINE.

À la bonne heure ; je n’ai rien à faire aujourd’hui ; c’est un calme plat. Je causerai tant qu’il vous plaira.

Mme DE KERNADEC.

Qu’est-ce que vous dites d’un calme plat ?