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Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/171

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SABORD.

Il oubliera tout ce qui se sera passé pendant vingt-quatre heures ; persuadez-lui que ces vingt-quatre heures sont sept années.

NÉRINE.

Mais es-tu fou ? comment veux-tu qu’il croie…

SABORD.

Je serai censé m’être cassé la jambe dans une des sept campagnes que nous aurons faites ensemble, et je marcherai avec une jambe de bois.

NÉRINE.

Fort bien ; mais ces campagnes…

SABORD.

Je les inventerai, et pour celles-là, il faudra bien que ce soit moi qui les lui raconte ; car il ne s’en souviendra pas. Je lui dirai qu’il a toujours été vainqueur ; comment diable ne me croiroit-il pas ?

ROSALBA.

Mais, Sabord…

SABORD.

Vous mettrez, Mademoiselle, un petit bonnet qui vous donnera l’air d’avoir vingt-trois ans.