Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/255

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temps, quand je reviendrai à Paris, pour retrouver… pour être, enfin, tout ce qu’on doit être.

M. DE LA MORLIÈRE.

Ah ! s’il en est ainsi, hâtons le mariage : dès demain, dès ce soir. Je ne voudrois pas, pour rien au monde, avoir un gendre rouillé ; je sens par moi-même à quel point c’est triste. On est tout je ne sais comment, quand on ignore, comme on est à Paris ; on parle au hasard, on ne sait pas seulement si l’on a raison de sentir ce qu’on sent ; enfin, on n’est sûr de rien.

LE COMTE.

Comptez sur moi pour vous mettre au fait.

M. DE LA MORLIÈRE.

Attendez ici, je vous prie, le peintre, qui doit vous apporter le portrait de ma fille. — Mais je vois à ma montre que je suis obligé de sortir, pour aller chez mon frère ; c’est bien familier de vous laisser ainsi chez moi ; mais je veux vous quitter à la françoise, sans faire des excuses. N’est-ce pas ainsi que cela se passe à Paris ? (Il fait plusieurs révérences.) Ne croyez pas pourtant que j’ignore, monsieur le comte, les égards que je vous dois ; mais je m’en vais sur la pointe des pieds, sans dire un mot, sans faire une