Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/254

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Frédéric est bien né, spirituel, et je n’ai guère vu d’Allemand qui parlât si bien le françois.

LE COMTE.

Hors de France, cela passe pour un mérite, de bien parler le françois ; mais nous autres, nous sommes un peu blasés sur cet avantage. Il y a pourtant des manières de s’exprimer qui se font remarquer. Croyez-vous que mademoiselle votre fille en puisse sentir toutes les nuances ?

M. DE LA MORLIÈRE.

En doutez-vous ?

LE COMTE.

Elle m’écoutoit si mal hier ! c’est un grand talent pour une femme que d’écouter. Vous, par exemple, vous l’avez ; il y a du plaisir à vous parler.

M. DE LA MORLIÈRE.

Ah ! c’est que je suis plus près que ma fille du moment où mon grand-père a quitté la France ! La tradition françoise s’affoiblit à chaque génération.

LE COMTE.

Comment, à chaque génération ! un mois d’absence suffit pour rouiller. Il me faudra du