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AGAR

Ismaël.

Et cet instrument, ce sistre dont je commençois à bien jouer, l’as-tu apporté avec toi ?

Agar.

Mon fils, je ne pouvois porter que du pain et de l’eau. (à part.) Hélas ! et je n’en ai point eu assez.

Ismaël.

Tu as raison, ma mère ; pardon : mais tout triste que je suis, il y a des momens où je voudrais redevenir gai comme autrefois : je l’essaie, et je ne puis. Allons, je pars. (Il passe le premier.) Suis-moi.

Agar.

Ô mon Dieu ! protégez Ismaël ! Si je fus trop fière de vos dons dans les jours de ma prospérité, si je méprisai l’âge avancé de Sara, si je me complus avec orgueil dans ma force et dans ma jeunesse, punissez-moi ; mais épargnez ce pauvre enfant, le plus simple, le plus doux, le plus innocent de tous les êtres ; faites-lui respirer cet air suave, cet air bienfaisant que vous accordez ; en Égypte, aux habitans de ma patrie. Ce ciel brûlant, ce ciel d’airain n’est pas l’image de votre bonté paternelle.