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ACTE I, SCÈNE III.

plus une vaine chimère que tes traits ; ce ne sera plus mon imagination troublée qui seule me les peindra : tu seras là, près de moi, là.

DIOTIME.

Ah ! Sapho, gardez-vous d’un espoir trop crédule : mille barques traversent les mers ; pourquoi donc celle-ci vous ramèneroit-elle Phaon ?

SAPHO.

Oui, mille barques traversent les mers ; mais celle-là fait palpiter mon cœur, et je crois à ce présage. Elle approche, elle approche ; entendez-vous cette musique harmonieuse ? Sentez-vous le parfum des orangers dont l’air est embaumé ? Ils viennent d’Italie ; et cette musique délicieuse, c’est la voix de Phaon. Diotime, allez au-devant de lui ; soyez l’amie de Sapho ; ne l’exposez pas à rendre le peuple qui s’assemble sur le rivage témoin de ses transports. Mes genoux fléchissent ; un nuage couvre mes yeux : va, Diotime, c’est lui ; va.