Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/310

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ment funéraire, qui retrace la mort au milieu de toutes les délices de la vie ?

ALCÉE.

Non, je ne croirai jamais que vous ne puissiez pas triompher du chagrin qui vous accable. Dès que vous entendrez les premiers sons de la lyre, vous renaîtrez à cet enthousiasme sublime dont l’enchantement fait disparoître à nos regards tout ce qui ne concerne que nous-mêmes. Je vais au temple, et j’espère vous y retrouver.

(Alcée sort.)
SAPHO.

Vois-tu, Cléone ? vois-tu ?

CLÉONE.

Quoi ?

SAPHO.

Là-bas, là-bas, une barque.

CLÉONE.

Je l’entrevois à peine.

SAPHO.

Elle vient de Sicile, j’en suis sûre. À ses voiles éclatantes, je reconnois les couleurs de cette île fortunée. Phaon, Phaon, est-ce toi ? Oui, c’est toi ; oui, tu veux soulager les tourmens de mon cœur. Je te reverrai ; ce ne sera