Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/87

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dernière parole ? Geneviève ! Geneviève ! n’entends-tu point mes cris ? ne sens-tu que l’amour de mère ? ton malheureux époux n’est-il donc rien pour toi ? L’éternel repentir, l’abîme du désespoir est ouvert sous mes pas : c’est l’enfer que la mort, c’est l’enfer que la vie. Où donc est-il le poignard qui soulageroit mon cœur ? donnez-le moi, donnez-le moi.

ADOLPHE, revenant.

Ils arrivent nos amis, mon père ; ils viennent à notre aide.

L’ERMITE.

Mes enfans, voilà votre père accablé par des regrets, par des tourmens qui ne lui laissent plus aucun empire sur lui-même ; votre mère est expirante. Dans un instant vous pouvez être orphelins. Demandez à Dieu qu’il vous épargne la plus horrible douleur que l’homme puisse éprouver sur cette terre. Ah ! quand nous perdons ici-bas ceux qui nous ont donné la vie, l’image de la Divinité semble se voiler à nos yeux, et la solitude de la mort commence.

Prosternez-vous avec, pauvres enfans (l’ermite et les deux enfants se mettent à genoux) ; tournez vos regards vers le ciel ! de là viendra l’espérance. Grand Dieu ! ces enfans avec moi vous