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LA SUNAMITE.

teurs, et ne jamais se montrer que dans le temple. Ton époux est mort quand Semida étoit encore au berceau ; mais à présent qu’elle pourroit accomplir le vœu de son père, d’où vient que tu lui caches sa vocation sainte ? d’où vient que tu as exigé de moi de ne pas la lui apprendre ? Ne frémis-tu donc pas des menaces prononcées contre ceux qui manquent aux promesses faites à l’Éternel ?

LA SUNAMITE.

Ce n’est pas moi qui me suis liée par cette promesse insensée.

LA SŒUR.

Ton époux, en mourant, t’avoit chargée de l’accomplir.

LA SUNAMITE.

Il étoit vieux ; il n’attachoit plus de prix aux louanges des hommes. Il auroit voulu que la jeunesse marchât timidement dans la vie, comme sur le bord de la tombe.

LA SŒUR.

S’agit-il de le juger, quand il faudroit lui obéir ?

LA SUNAMITE.

Quoi, ce qu’il y a de plus charmant sous le soleil seroit enfoui dans l’obscurité ! Les arts