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ACTE I, SCÈNE I.

enchanteurs cultivés par Semida, ajoutent un nouvel éclat à ses charmes, et le bruit de sa beauté se répandra dans Israël, comme le parfum des citronniers. Pourrois-je immoler ses jours brillans à la sombre tristesse d’un vieillard ?

LA SŒUR.

Ne sais-tu donc pas, ma sœur, à quel prix il faut obéir à la volonté du Très-Haut ? Pourquoi le patriarche Abraham leva-t-il le couteau sur son fils Isaac ? pourquoi Jephthé le plongea-t-il lui-même dans le sein de sa fille ? c’étoit pour accomplir un vœu fait au Dieu d’Israël ! Et toi, ma sœur, et toi, comment oses-tu te révolter contre une privation légère, quand nos pères se sont soumis à de si terribles sacrifices ?

LA SUNAMITE.

J’aurois élevé ma fille avec tant de soin, pour qu’elle languît dans le temple !

LA SŒUR.

Y languir ! Ma sœur, elle s’y prépareroit, jusqu’à l’âge de quinze ans, à toutes les vertus qui doivent la rendre un jour plus chère à son époux. Lorsque Élisée est venu dans ta maison, il y a un an, ne t’a-t-il pas reproché l’oubli des