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tice même peut avilir presqu’autant que la vérité, mais cependant la Reine est par sa destinée au-dessus de ce sort commun des femmes, trop d’éclat environne son existence pour ne pas dissiper tous les mensonges, ceux qui l’ont entourée, les seuls vrais juges de sa vie privée sçavent qu’elle ne fut point indigne des vertus qui depuis quatre ans la font admirer de l’Europe entiére, l’ame s’affoibliroit en se dégradant, et celle qui par sa seule fierté s’est aggrandie dans l’infortune, s’est relevée en présence de l’outrage, ne s’étoit jamais abaissée à ses propres yeux. Vous essayerez en vain de l’humilier, vous l’appellerez de nom méprisans, vous la jetterez dans une prison infamante, vous la trainerez à la barre de votre tribunal, mais par tout elle vous apparoîtra comme la fille de Marie Thérèse, tantôt vous croirez la voir lorsque le 6. Octobre elle s’avança sur ce balcon en présence du Peuple, environnée de ses deux enfans, le charme de son cœur et la gloire de sa vie, la multitude irritée lui cria point d’enfans, la Reine à ces mots terribles, craignant de leur faire partager son péril se hâta de les éloigner, mais elle revint aussitôt pour se livrer seule, ou ne pas déshonorer la nation Française, en paroissant la soup-