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Page:Staël - Réflexions sur le procès de la Reine, 1793.pdf/22

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XVI, perdre la trace de sa condamnation dans la multitude qui l’auroit porté, la Convention s’est fait applaudir par des spectateurs nombreux, s’est assurée de plusieurs adresses de divers Départemens du Royaume, a commandé que cent mille hommes en armes le jour de la mort du Roi consentissent par leur silence à cette terrible catastrophe ; si la subdivision infinie de cette énorme action ne suffisoit pas pour attacher le Peuple au destin de ceux qui l’ont ordonnée, s’il venoit à penser qu’un Empire consistant plus encore dans la Nation que dans son sol, quels que soyent les opinions de ceux qui gouvernent, ils ne peuvent pas vouloir détruire ce qu’ils aspirent à dominer, et que la multitude étant un être collectif, peut ressentir le poids des loix générales, mais jamais l’atteinte des vengeances individuelles, si le Peuple rassuré par cette opinion, vouloit favoriser un autre parti en France, s’il ne redoutoit rien pour lui de la mort du Roi, est-ce celle de la Reine qui pourroit l’effrayer ? Il me semble, il est vrai, qu’il y auroit dans le supplice de cette malheureuse Princesse quelque chose de plus révoltant encore pour les ames généreuses, étrangère, femme, on violeroit en elle et les loix de l’hospitalité et celles de la nature, les circonstances actuelles