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Page:Staël - Réflexions sur le procès de la Reine, 1793.pdf/29

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cains le rappelleroient à ses sentimens naturels, le menaceroient de leur résignation, défieroient sa fureur en s’y livrant sans résistance, non ils n’auroient rien à craindre, on pourroit envier leur mort, mais je répondrois de leur vie. Peuple français, ne trompez pas ce dernier mouvement, ce dernier reste des antiques souvenirs, si vous êtes vaincus, en préservant la Reine vous laissez quelques sentimens doux à ses amis, ils pourront parler encore de votre courage et de votre infortune : Voulez-vous trouver l’art de deshonorer la valeur, et de faire peur de la pitié ? Si vous êtes vainqueurs, si vous repoussez une seconde fois l’ennemi de votre territoire, vous vous croirez triomphans comme la nature même des choses, hé bien c’est alors que si vous persistez dans votre cruauté, si vous immolez la Reine, vos succès mêmes périront au milieu de vous, ne vous y trompez pas ; c’est peut-être la destruction de la Royauté, des Ordres privilégiés qui irrite contre vous la plupart des Gouvernemens de l’Europe, mais ce qui souleve les Nations, c’est la barbarie de vos décisions, vous gouvernez par la mort, la force qui manque à la nature de votre Gouvernement, vous la retrouvez dans la terreur, et là où il existoit un Trône