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Page:Staël - Réflexions sur le procès de la Reine, 1793.pdf/31

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croire coupables. Si les chances de la prospérité vous reviennent une seconde fois, si la Providence protectrice de la liberté veut une seconde fois donner à la France et les moyens de l’acquérir, et ceux de la faire aimer des hommes, les esprits fatigués par tant de cruelles secousses, quels que soyent leurs opinions, quels que soyent leurs souvenirs embrasseroient facilement la plus legére espérance : le repos et la paix, voilà peut-être aujourd’hui toute l’ambition des plus habiles ! vous disposez de la France, de ce pays si nécessaire à ceux qui l’ont habité, ah ! si vous parliez d’union et de sécurité à tous les Français, si vous rassuriez l’Europe par des principes d’ordre et de justice, vous ne prévoyez pas vous même combien de sacrifices vous obtiendriez ! Si vous êtes destinés à terminer heureusement cette guerre, essayez sur vos concitoyens la puissance de la générosité, elle s’étend, elle pénétre, où vos commandemens sont forcés de s’arrêter ; et cette génération qui s’avance est tellement accablée d’infortune, que depuis la vie jusqu’au bonheur tout lui sembleroit de nouveaux dons ; mais surtout sauvez la Reine, on ne pourroit supporter cette nouvelle catastrophe, redoutez les forces du désespoir, et que les pleurs du monde obtiennent ou de