Aller au contenu

Page:Staël - Réflexions sur le procès de la Reine, 1793.pdf/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ 33 ]

douleurs, mille précautions ont été prises pour en étouffer le bruit, un tel mystère honore le Peuple Français, et tout mon espoir est dans les motifs qui l’ont fait juger nécessaire. Il auroit sçu ce Peuple qu’on apporta devant la fenêtre de la prison de Marie Antoinette, la tête de son amie, ignorant les fatales nouvelles de ce jour épouvantable, on la força par un barbare silence de s’étudier à reconnoître ces traits ensanglantés, et d’apprendre à travers l’horreur de la nature, et l’effroi de ces sens, que celle qui l’avoit aimée mouroit victime de son attachement pour elle, cruels ordonnateurs de cette scène, qui vites devant vous son malheureux objet prêt à mourir de désespoir, saviez vous tout ce que les circonstances, la cause de la mort de Madame de Lamballe, devoient ajouter de déchiremens à la douleur de la Reine, et les mouvemens d’un cœur sensible, ces mouvemens qui devoient tant vous être inconnus, les aviez vous appris pour être plus certains de vos coups ? pendant le procès du Roi chaque jour abreuvoit sa famille d’une nouvelle amertume, il est sorti deux fois avant la derniere, et la Reine retenue captive ne pouvant parvenir à sçavoir ni la disposition des esprits, ni celle de l’Assemblée, lui dit trois fois adieu dans les an-