Aller au contenu

Page:Staël - Réflexions sur le procès de la Reine, 1793.pdf/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ 36 ]

rassent tous les souvenirs dont vous retraciez la mémoire !

Voilà le tableau de l’année que cette femme infortunée vient de parcourir ! et cependant elle existe encore, elle existe parce qu’elle aime, parce qu’elle est mere ; ah ! sans ce lien sacré pardonneroit-elle les vœux qui voudroient prolonger sa vie ? mais lorsque malgré tant de maux il vous reste encore du bien à faire, traînerez-vous du cachot au supplice cette intéressante victime, regardez- cruels ! non pour être désarmés par sa beauté, mais si les pleurs l’ont flétrie, pour contempler les traces d’une année de désespoir, que vous faudroit-il de plus si elle étoit coupable ? et que doivent donc éprouver les cœurs certains de son innocence ?

Je reviens à vous, femmes immolées toutes dans une mere si tendre, immolées toutes par l’attentat qui seroit commis sur la foiblesse, par l’anéantissement de la pitié, c’en est fait de votre empire si la férocité règne, c’en est fait de votre destinée si vos pleurs coulent en vain, défendez la Reine par toutes les armes de la nature, allez chercher cet enfant qui périra s’il faut qu’il perde celle qui l’a tant aimé, qui sera bientôt aussi lui-même un objet importun par l’inex-