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Page:Staël - Réflexions sur le procès de la Reine, 1793.pdf/35

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gés de changer sans cesse les soldats apposés à leur captivité, de choisir avec soin pour cette fonction les caractères les plus endurcis, de peur qu’individuellement elles ne reconquissent la Nation entiére. Depuis l’affreuse époque de la mort du Roi, la Reine a découvert s’il étoit possible de nouveaux soins à donner à ses enfans, pendant la maladie de sa fille il n’est aucun genre de services que sa tendresse inquiete n’ait voulu lui prodiguer, il sembloit qu’elle avoit besoin de contempler sans cesse les objets qui lui restoient encore pour retrouver la force de vivre, et cependant un jour on est venu lui ôter son fils, l’enfant pendant deux fois 24 heures a refusé de prendre aucune nourriture, jugez quelle est sa mere par le sentiment énergique et profond qu’à cet âge déjà elle a sçû lui inspirer ! malgré ses pleurs au péril de sa jeune vie on a persisté à les séparer, ah ! comment avez-vous osé dans la fête du 10 Août mettre sur les pierres de la Bastille des inscriptions qui consacroient la juste horreur des tourmens qu’on y avoit soufferts, les unes peignoient les douleurs d’une longue captivité, les autres l’isolement, la privation barbare des dernieres ressources, et ne craigniez-vous pas que ces mots, ils ont enlevé le fils à sa mere, ne dévo-