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Page:Stace, Martial - Œuvres complètes, Nisard.djvu/357

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t’aient épargné dans tes voyages nocturnes : ce sont les flots de César.

28. — sur léandre.

Lorsque l’audacieux Léandre allait visiter l’objet de ses amours, et qu’accablé de lassitude, il pliait sous l’effort des vagues, le malheureux adressait, dit-on, ces paroles aux flots menaçants : « Épargnez-moi, lorsque je vais ; ne me noyez qu’à mon retour. « 

29. — sur des nageurs.

La troupe docile des Néréides joua au sein de ces flots, et traça sur les eaux complaisantes cent figures variées. Ici, elles figurèrent le trident aux pointes menaçantes et l’ancre aux dents recourbées ; là, nous crûmes voir une rame, et plus loin un vaisseau ; puis la constellation des fils de Léda, chère aux matelots, puis les larges ondulations des voiles gonflées par le vent. Qui donc a conçu l’idée de ces jeux merveilleux sur le liquide élément ? Ou Thétis les apprit à César, ou bien elle les apprit de lui.

30. — sur carpophorus.

César, si l’antiquité eût vu naître Carpophorus, l’univers eût été plus facilement délivré de ses fléaux : un taureau n’eût point effrayé Marathon, un lion la forêt de Némée, un sanglier le Ménale. Cette main armée eût d’un seul coup abattu toutes les têtes de l’hydre ; elle n’eût frappe qu’une fois la Chimère. Elle eût vaincu, sans le secours de Médée, les taureaux aux pieds de feu, et, seule, brisé les chaînes d’Hésion et d’Andromède. Comptez les travaux qui font la gloire d’Hercule : n’est-ce pas les surpasser que de vaincre en une fois vingt animaux féroces ?

31. — sur une naumachie et d’autres spectacles représentés sur l’eau.

Auguste mérita des éloges pour avoir fait combattre des flottes et retentir sur les mers la trompette navale. Mais que sa gloire est petite auprès de celle de César ! Thétis et Galatée ont vu dans leur empire des animaux sauvages et inconnus ; le Triton a vu des chars brûler la route sur l’onde écumeuse ; il a pris leurs chevaux pour ceux de son maître ; et tandis que Nérée dispose les vaisseaux pour le combat, il refuse d’aller à pied sur son élément. Enfin tout ce qui se passe dans le Cirque et dans l’Amphithéâtre est reproduit dans les eaux du magnifique César. Qu’on ne nous parle plus du lac Fucin ni des étangs de l’indolent Néron ; les siècles futurs ne connaîtront que cette seule naumachie.

32. — sur les gladiateurs priscus et vérus.

Quand Priscus et Vérus prolongeaient le combat, sans fixer la victoire, on demanda souvent à grands cris quartier pour ces athlètes. Mais César était le premier à souffrir la loi qu’il avait faite. Cette loi déclarait la lutte terminée quand un des combattants avait levé le doigt. Jusque-là César permettait souvent qu’on leur donnât à manger et qu’on leur fît des présents. Cette fois pourtant, il trouva un moyen de mettre fin à ce combat toujours égal. Avantages, défaites, tout se compensait parfaitement chez nos deux champions. César envoya à l’un et à l’autre la baguette ^ de congé et la palme de la victoire, juste récom-