Page:Stace, Martial - Œuvres complètes, Nisard.djvu/358

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pense de leur adresse et de leur courage. Nul prince, vous excepté, César, n’eut le bonheur de voir deux combattants tous deux vainqueurs.

33. — à césar. (Fragment.)

César, excusez ces vers improvisés : celui-là ne mérite pas votre disgrâce, qui s’empresse trop de vous plaire.

34. — au même. (Autre fragment.)

Céder au plus fort, c’est n’être ni sans mérite ni sans courage ; mais qu’elle est lourde à subir la victoire d’un faible ennemi !

35. — sur un daim et des chiens.

Chassé par des chiens agiles, un daim fuyait, cherchant à les dépister à force de ruses de détours. Il s’arrêta aux pieds de César, comme pour le supplier et lui demander grâce ; et les chiens ne le touchèrent pas…… Il avait reconnu César, et c’est ce qui le sauva : car César est un dieu ; sa force est sacrée, sa puissance l’est aussi : croyez-le, les bêtes ne savent pas mentir.

36. — autre fragment, extrait de l’ancien scoliaste de juvénal.

Race des Flaviens, quel tort a fait à ta gloire ton troisième héritier ! Il valait tout autant, ou du moins, peu s’en faut, que tu n’eusses pas les deux autres.


ÉPIGRAMMES.
LIVRE PREMIER.
épître au lecteur.

J’espère avoir fait preuve, dans mes écrits, d’une telle modération, que quiconque jouit de sa propre estime ne peut se plaindre de moi, mes plaisanteries respectant toujours les personnes, fussent-elles du dernier rang. Cette réserve était si peu connue des anciens auteurs, qu’ils ont souvent abusé des véritables noms, et même de ceux des plus grands personnages. Achetons moins cher la renommée, et que l’esprit soit la dernière chose qu’on loue en moi. Loin d’ici tout malin interprète de mes bons mots ; que nul ne se fasse l’auteur de mes Épigrammes. C’est une perfidie que de prêter son esprit au livre d’autrui : quant à la crudité des expressions, qui est le langage de l’épigramme, je chercherais des excuses si j’en avais donné le premier l’exemple ; mais ainsi a écrit Catulle, ainsi Marsus, ainsi Pédo, ainsi Gétulicus, et tous ceux enfin qui se font lire. Si cependant il se trouve quelque censeur morose, dont la gravité ne permette pas qu’on parle latin devant lui, à quelque page que ce soit, il peut s’en tenir à cette préface, ou mieux encore au titre seul. Les épigrammes sont faites pour les spectateurs habituels des Jeux Floraux. Que Caton n’entre point dans notre théâtre, ou s’il y vient, qu’il regarde. Je serai dans mon droit si je clos cette épître par les vers suivants :