Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/132

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du ciel, la beauté de son âme, et ce rôle sublime que lui donne son nom de Mère de Dieu. C’est ce même regard qui nous fait voir la beauté des âmes des Saints, et leur amour pour nous : ce sont les yeux du cœur qui nous les montrent tels qu’ils sont réellement, qui nous font reconnaître les vérités de la religion chrétienne avec tous ses sacrements, qui nous font sentir à quel point ces vérités sont sublimes. Ces mêmes yeux nous dévoilent l’état de nos âmes et surtout nos péchés. Le cœur impur, c’est-à-dire celui qui est attaché aux choses terrestres, celui qui est souillé par la convoitise des yeux et de l’orgueil mondain, ne peut rien voir, ni rien comprendre à tout ce que je viens de dire.[1].

— La pauvreté d’esprit consiste à nous envisager comme si nous n’existions pas, à ne voir que Dieu qui est le seul qui existe pour nous, à considérer ses paroles au dessus de tout au monde, à ne rien épargner, même notre vie, pour remplir ses commandements, elle consiste à se soumettre en tout à sa volonté absolue tant pour nous que pour les autres et à rejeter entièrement notre volonté à nous. Le pauvre d’esprit désire de tout son cœur et ne cesse de répéter : Que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive, que votre volonté soit faite ! Il disparaît, pour ainsi dire, personnellement, partout et en tout ; il veut voir Dieu tant en lui-même que dans les autres. Que tout soit à vous, ô Seigneur, dit-il, et rien à moi ! Il désire contempler cette sainteté de Dieu. Il veut ardemment voir arriver son règne, il ne veut connaître que sa volonté suprême, et tout cela, remarquons le bien, non seulement dans lui, mais aussi dans les autres. Il voudrait que les cœurs humains ne fussent remplis que de Dieu (comme c’est d’ailleurs un devoir rigoureux), car Dieu seul est celui

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