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bas est précédé ou suivi de son contraire ; par exemple le déshonneur et l’honneur, la pauvreté et la richesse, la santé et la maladie. Avant de donner la richesse, le Seigneur éprouve souvent l’homme par une extrême pauvreté, et ceux qui sont riches en les privant de leurs richesses. Il fait souvent éprouver le déshonneur avant l’honneur, et il fait subir l’humiliation à ceux qui jouissaient des honneurs. Il veut par là nous apprendre à apprécier les dons qu’il nous accorde, afin que nous ne nous enorgueillissions pas dans le bonheur, sachant que le bonheur vient de Dieu et que nous ne le méritons pas.[1].

— Notre vie d’ici-bas est un exil : Le Seigneur Dieu mit l’homme hors du jardin de délices (Luc, VI, 27, 28), dit la Bible. Aussi devons-nous, de toutes nos forces, au moyen de la pénitence et des œuvres dignes de pénitence, aspirer à notre patrie : Seigneur, rendez-moi la patrie désirée, faites que je puisse habiter de nouveau le paradis. (Gen. III, 23). Notre vie d’ici-bas est une vie étroite, une vie de douleurs, de privations et d’infirmités. Plus cette voie est étroite, plus nous pouvons être sûrs que nous sommes dans la voie véritable, et plus elle est large, et plus il est évident que nous nous acheminons à la perdition. Notre vie d’ici-bas est la vie que nous menons chaque jour. C’est une guerre cruelle et amère avec les ennemis de notre salut, surtout avec les esprits invisibles du mal, qui ne nous laissent pas un seul jour de repos, mais nous entourent constamment de leurs maléfices, allument en nous les diverses passions et nous dardent de leurs aiguillons douloureux. N’oubliez donc pas cette guerre incessante à laquelle nous sommes en butte ; elle ne nous laisse pas le loisir de nous reposer, de nous divertir et de nous distraire en cette vie, qui est desti-

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