Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/47

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— Il y a des gens qui disent : Nous nous lassons bien vite de prier. Et pourquoi ? Parce que vous ne vous représentez pas vivement le Seigneur comme étant toujours auprès de vous. Contemplez-le continuellement des yeux de la foi, et vous passerez alors toute une nuit à prier sans éprouver la moindre fatigue. Que dis-je, une nuit ! Vous resterez trois jours et trois nuits à prier et vous ne serez pas fatigué. Rappelez-vous les Stylites. Ils sont restés des années entières en état de prière sur une colonne et triomphaient de la chair qui, chez eux aussi, comme chez nous, était sujette à la paresse. Et vous, vous trouverez pénible quelques heures, que dis-je, une petite heure de prière en commun avec vos frères ![1].

— Dans la prière qui contient une demande, l’essentiel, c’est la foi en Dieu, un désir sincère et ferme d’obtenir les biens que nous demandons, ainsi que le désir de ne plus retomber dans les péchés dont nous nous repentons. Or, souvent ce désir est sur nos lèvres et dans notre pensée, mais notre cœur reste insensible ; ou, autrement dit, nous nous détournons du péché dans nos paroles, mais le cœur ne le fait pas et nous continuons à persévérer dans les péchés, dont nous demandons à être délivrés. C’est ainsi que la prophétie d’Isaïe s’accomplit sur nous : Ce peuple m’honore du bout de ses lèvres, et son cœur est loin de moi. (Is. XXIX, 13).[2].

Notre Père, qui êtes aux cieux ! Quel sublime, émouvant et religieux spectacle, lorsque nous entendons dans une réunion nombreuse à l’église, ou dans un cercle de famille, ou dans une réunion d’élèves ou de militaires, ces paroles prononcées du fond de l’âme et sortant, on le dirait, véritablement d’un seul cœur et

  1. P. 180.
  2. P. 387.