Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/48

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d’une seule bouche ! Quel sublime spectacle, lorsque nous voyons que ces paroles se réalisent dans la vie même des hommes ! Et en vérité, elles se réalisent quand chacun a pour les autres un sentiment d’amour fraternel ; que tous vivent en paix, les cadets obéissant à leurs aînés, ceux qui ont moins d’esprit à ceux qui en ont plus, rendant l’un à l’autre ce qui leur est dû, se respectant mutuellement, et toujours prêts à céder l’un à l’autre quand il s’agit d’honneur et de préséance : Prévenez-vous par des témoignages d’honneur. (Rom. XII, 10). Quel spectacle véritablement céleste, lorsque les membres nombreux d’une famille, en se mettant à table, répètent tous de la bouche et du cœur : Notre Père ! confessant le seul Père céleste comme leur très saint Maître, désirant que sa volonté soit uniquement faite sur la terre et le considérant comme celui qui seul nourrit toutes les créatures ! Quel spectacle imposant lorsque le maître de la maison attribue tout ce dont il dispose en fait de nourriture et de boisson non à lui-même, mais à Dieu ; lorsque, regardant les dons de Dieu comme appartenant à tous, il estime le moindre comme son égal et se croit l’obligé de celui qui lui fait l’honneur de s’asseoir à sa table ! Mais quel saisissant et émouvant spectacle se produirait, si toute la terre, tous les peuples, de leurs bouches et de leurs cœurs unis, s’écriaient, les regards tournés au ciel : Notre Père ! qui êtes aux cieux ! que votre nom soit sanctifié — en nous tous ! Que votre règne arrive, tel qu’il était au commencement, avant le péché ; que votre volonté clémente et parfaite soit faite sur la terre éternellement, comme elle se fait au ciel, et que l’abus de la liberté disparaisse ! Donnez-nous aujourd’hui notre pain de chaque jour, pardonnez-nous nos offenses, etc. Oh ! si tous les hommes avaient ces mêmes pensées et ces mêmes désirs ! Mais il en sera ainsi un jour : Oui, ce jour