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spirituelle de paix et de joie que notre âme demande. C’est bien si l’on peut prier longtemps et souvent ; mais tous n’entendent pas, mais ceux à qui il est donné ; que celui qui peut entendre entende. (Matth. XIX, 12). Ceux qui ne peuvent pas faire une longue prière feront mieux de prier moins longtemps, mais avec toute l’ardeur de leur âme.[1]

— Te voilà à ta prière. Tu pries avec recueillement et ferveur, tu ressens intérieurement quelque chose qui te dit que le Seigneur t’entend et t’accueille favorablement. Tes pensées abondent de paix, ton cœur est tranquille et joyeux. Subitement, vers la fin de ta prière, tu faiblis, la paix disparaît, ton cœur se refroidit, ta pensée sommeille, et tu te sens sous le poids d’un énorme fardeau qui oppresse ton cœur. Tu éprouves une peine énorme, une sorte de répulsion même pour la prière, au lieu de la facilité et de la disposition que tu avais pour elle auparavant. Ne te laisse pas abattre par ce changement, mon ami, ce sont les embûches de l’ennemi, qui aime à se jouer de nous, surtout lorsque nous sommes sur le point de terminer nos pieuses occupations. Il veut nous faire tomber dans le découragement et nous faire croire que toute notre persévérance à poursuivre notre sainte œuvre n’a abouti à rien. Apprends par là à ne pas laisser faiblir ton esprit, ne fût-ce que pour un instant pendant la prière ; apprends à prier en esprit et en vérité, sans défaillir, sans te permettre aucune supercherie envers le Seigneur, c’est-à-dire à ne pas prononcer un seul mot dissimulé ou hypocrite, mais à faire en sorte que toute ta prière ne soit que l’expression de la vérité, l’interprète du Saint-Esprit, et qu’aucune de tes paroles ne serve au mensonge de l’ennemi et ne devienne l’organe du démon. Si ce malheur t’arrivait, tu sentirais comme un feu infernal

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