Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/84

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C’est qu’il existe un lien intime entre les âmes ! Les paroles suivantes de l’Apôtre sont bien vraies : Nous sommes membres les uns des autres (Eph. IV, 25), ou bien encore : Nous ne sommes tous qu’un seul corps (1 Cor. X, 17). Il a fait naître d’un seul toute la race humaine (Act. XVII, 26). C’est pourquoi Dieu dit dans son commandement : Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Matth. XXII, 39). La bonne impression même que produit un sermon dépend d’un sentiment réciproque de mutuelle sympathie entre l’orateur et son auditoire. Si le prédicateur ne parle pas à cœur ouvert, mais avec une certaine dissimulation, les auditeurs comprendront instinctivement le désaccord de ses paroles avec son cœur, et par conséquent avec sa morale ; son sermon n’aura pas la force qu’il aurait pu avoir s’il l’avait prononcé avec sincérité et surtout si sa vie à lui était d’accord avec ses paroles. Les âmes humaines sont trop étroitement liées entre elles, leurs rapports sont trop intimes pour que les aspirations d’un cœur bon, pieux et sincère n’exercent pas une influence sur l’âme des autres, surtout si elles sont appuyées sur les actions.[1].

— Ô quel abîme profond que celui où la gourmandise nous a fait tomber !… Jusques à quand l’homme vouera-t-il sa vie à ce culte impie ? Quand donc saurons-nous nous pénétrer des paroles du Sauveur : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu… (Matth. IV, 4). Nous laisserons-nous longtemps encore dominer par l’avidité, par les friandises, par les excès et par l’ivrognerie ? Serons-nous longtemps encore les esclaves de notre détestable avarice ? Serons-nous longtemps sous le pouvoir de la cupidité, de l’orgueil, de la rancune et du courroux vis-à-vis de notre prochain, pour des

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