Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/95

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Ces gens accusent le Créateur et disent : Pourquoi ne nous a-t-il pas doués de la force de résister au mal pour ne pas tomber si bas en le commettant ? D’autres encore attribuent la corruption de l’homme par le péché à l’imperfection de la nature, laissant Dieu de côté dans leurs pensées, et envisageant le monde visible avec tous ses phénomènes et tout ce qu’il renferme, comme un être impersonnel, dépendant, subordonné, dont ils forment eux-mêmes une partie. Voilà où l’on en vient, lorsqu’on s’éloigne de l’Église ! Voilà quelle ignorance vous envahit, ô sophistes ! Vous ignorez ce que même un enfant sait d’une manière claire, précise et infaillible. Vous accusez le Créateur ; mais est-ce bien la faute de ce Créateur, si, par inattention à sa voix, par méchanceté de caractère et par ingratitude, vous abusez du don le plus sublime de sa bonté, de sa sagesse et de sa toute-puissance, je veux dire, de la liberté qui est un attribut inséparable de l’image de Dieu ! N’êtes-vous pas plutôt obligés de reconnaître que c’est à sa bonté, que vous devez ce don qu’il vous a accordé, sans se laisser ébranler par l’ingratitude de ceux qui l’ont reçu, afin que cette bonté resplendisse aux yeux de tous plus brillante que le soleil ? Et ne nous a-t-il pas prouvé par là-même son amour sans borne et sa sagesse infinie, puisqu’il nous laissa la liberté, même après notre chute, même après notre éloignement de lui et notre perdition spirituelle, il nous a envoyé son Fils unique en l’image de l’homme corruptible. (Rom. I, 23), et l’a livré aux souffrances et à la mort pour nous sauver du péché ? Qui osera après cela accuser le Créateur de nous avoir fait don de la liberté ? Dieu est véritable, et tout homme est menteur. (Rom. III, 4). Poursuivez chacun votre salut, luttez, soyez vainqueur ; mais bannissez toute présomption de vos raisonnements, et n’accusez pas le Créateur de manquer de bonté et de sagesse ; ne blas-