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rent, glorieusement chargés. Ils nous dirent que le village était plein de provisions ; qu’on l’appelait Ouelled Nzogéra (le fils de Nzogéra), ce qui nous fit connaître que nous étions dans l’Ouvinza, dont Nzogéra était le grand chef. Ils nous apprirent en outre que ce dernier était en guerre avec Lokanda-Mira au sujet de quelques salines, situées dans la vallée du Malagarazi, d’où il résultait qu’il serait difficile de gagner l’Oujiji par la route ordinaire. Mais te fils de Nzogéra, consentait, moyennant gratification, à nous fournir des guides ; et en prenant au nord, il n’y avait rien à craindre.

Tout paraissant aller au gré de nos désirs, nous nous préparâmes à faire honneur aux vivres qui nous arrivaient ; ce à quoi le transit des jungles et des forêts de l’Oukahouendi nous avait parfaitement disposés.

Commença alors une série d’entretiens diplomatiques au sujet du tribut que le fils de Nzogéra impose aux voyageurs ; quantité d’étoffe qu’il fallut débattre, ainsi que la qualité. La demande était de quarante mètres ; nous obtînmes une réduction d’un quart ; et nos trente mètres, payés en kaniki et en mérikani, non-seulement nous acquittèrent, mais nous firent avoir les guides dont nous avions besoin.

Je reviens à mon journal, sans lequel je ne pourrais pas relater les incidents des marches suivantes ; et qui les montrera d’une façon plus vive et plus exacte que je ne pourrais le faire aujourd’hui.

31 octobre 1872. Campés dans la jungle. Direction de la route nord-quart-nord-est. Temps de la marche, quatre heures et quart.

Après avoir quitté le pied de la montagne sur laquelle le fils de Nzogéra a construit sa citadelle, nous avons marché pendant longtemps à l’est-nord-est afin d’éviter une portion infranchissable du marais qui se trouvait entre nous et le Malagarazi. La vallée s’inclinait rapidement vers cette fondrière, dont le large sein recueille les eaux de trois chaînes considérables. Prenant ensuite au nord-ouest, nous nous sommes préparés à franchir le marais. Comme nous étions encore sur la rive orientale, les guides nous ont dit qu’un Arabe et sa caravane, composée de trente-cinq hommes, avaient enfoncé tout à coup dans la vase, et qu’on ne les avait jamais revus ; terrible catastrophe qui s’est produite à quelques pas de l’endroit où nous étions alors.

Ce marais, tel qu’il nous est apparu, offre une largeur de quel-