Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/321

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ques centaines de mètres, recouverte d’un lacis d’herbe très-serré, auquel se mêle beaucoup de matière en décomposition. Au milieu de cette étendue, et voilé par la couche herbeuse, passe un large cours d’eau, profond et rapide, Les guides ouvraient la marche, suivis de mes hommes, qui n’avançaient qu’avec précaution. En arrivant au centre, nous avons commencé à voir le pont mouvant, dont la nature nous avait si curieusement dotés, surgir et s’affaisser en lourdes ondulations languissantes, pareilles au
Vue prise dans l’Ouvinza.
mouvement de la houle quand la mer s’endort après la tempête. Où passaient les ânes, la vague herbue s’élevait à plus d’un pied. Tout à coup la jambe de l’un d’eux a crevé ce pont mobile. La pauvre bête ne pouvant pas en sortir, le trou s'est creusé, s’est agrandi et promptement rempli d’eau. Toutefois avec le secours de dix hommes, je suis parvenu à l’enlever, et à le remettre sur une couche plus ferme, d’où nous lui avons fait lestement gagner la rive.

Le marais franchi sans autre accident, nous avons pris au nord, et nous nous sommes trouvés dans un pays délicieux, convenant de tout point à l’agriculteur. De grands rochers se voyaient çà