Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’une colère ! Colère n’est pas le mot ; c’était de la fureur, de la rage, une folie désespérée. Me battre et mourir, plutôt que de céder à ces misérables ! Mais, en vue du pays de Djidji ! À quatre jours de cet homme blanc, qui doit être Livingstone ! Car c’est lui, à moins qu’il ne se soit dédoublé. Ciel miséricordieux ! Que faire ?

D’après les deux Zanzibariens, cinq autres chefs sont encore sur la route, à deux heures les uns des autres, et chacun prélève tribut, à l’instar des précédents.

Voilà qui m’a donné un certain calme ; j’aime mieux connaître le pire des choses. Savoir tout ce qui est à craindre est toujours un avantage.

Cinq chefs de plus ! Nous sommes ruinés ; c’est bien évident. En face de cette évidence, que nous reste-t-il à faire ? Comment rejoindre Livingstone sans être réduit à la mendicité ?

J’ai renvoyé les deux hommes, puis j’ai appelé Bombay. Je lui ai dit d’aller, avec Asmani, débattre le droit de passage, et de le régler au plus bas prix possible. Après cela, j’ai pris ma pipe et, me coiffant du bonnet des sages, je me suis mis à réfléchir. Au bout d’une demi-heure, mon plan était fait. Cette nuit même, il sera exécuté.

Dès que le tribut a été payé, ce dont chacun s’est montré joyeux, bien que toute la diplomatie de Bombay, toute sa casuistique n’ait pu en faire descendre le chiffre qu’à vingt-six dotis, j’ai fait revenir les deux Zanzibariens et leur ai demandé le moyen d’éviter les chefs qui sont devant nous et prélèvent la taxe du passage.