Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/153

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et que le docteur me présenta, chacun par son nom. Puis, oubliant la foule, oubliant ceux qui avaient partagé mes périls, je suivis Livingstone. Il me fit entrer sous sa véranda – simple prolongation de la toiture – et m’invita de la main à prendre le siège dont son expérience du climat d’Afrique lui avait suggéré l’idée : un paillasson posé sur la banquette de terre qui représentait le divan, une peau de chèvre sur le paillasson, et, pour dossier, une autre peau de chèvre, clouée à la muraille, afin de se préserver du froid contact du pisé. Je protestai contre l’invitation, mais il ne voulut pas céder, et il fallut obéir.

Nous étions assis tous les deux. Les Arabes se placèrent à notre gauche. En face de nous, plus de mille indigènes se pressaient pour nous voir, et commentaient ce fait bizarre de deux hommes blancs se rencontrant à Djidji, l’un arrivant du Mégnéma, ou du couchant, l’autre du Gnagnembé, ce qui était venir de l’est.

L’entretien commença. Quelles furent nos paroles ? Je déclare n’en rien savoir. Des questions réciproques, sans aucun doute.

« Quel chemin avez-vous pris ?

– Où avez-vous été depuis vos dernières lettres ? »

Oui, ce fut notre début, je me le rappelle ; mais je ne saurais ni dire mes réponses, ni les siennes ; j’étais trop absorbé. Je me surprenais regardant cet homme merveilleux, le regardant fixement, l’étudiant et l’apprenant par cœur. Chacun des poils de sa barbe grise,