Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/168

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Saxon. Ne pas abandonner son œuvre, bien qu’il soupire ardemment après la vue de ceux qu’il aime ; ne pas renoncer à ses obligations tant qu’elles ne seront pas remplies ; ne pas revenir tant qu’il n’aura pas écrit le mot FIN, telle est sa résolution, quel que soit le sacrifice qu’elle exige.

Mais son principe est de bien faire ; et la conscience qu’il a d’y mettre tous ses efforts, tous ses soins, le rend heureux dans une certaine mesure.

Il a du reste un fond de gaieté inépuisable. J’ai cru d’abord que c’était l’effet du moment, une crise joyeuse due à mon arrivée ; mais, comme cette bonne humeur s’est maintenue jusqu’à la fin, je dois penser qu’elle lui est naturelle. Sa gaieté est sympathique. Son rire est contagieux ; dès qu’il éclate, vous l’imitez forcément ; tout chez lui s’en mêle : il rit de la tête aux pieds. S’il raconte une histoire, un trait plaisant, il le fait de telle façon que vous êtes convaincu de la vérité du fait. Sa figure s’épanouit, elle s’éclaire de toute la finesse que va contenir son récit, et vous êtes sûr d’avance que cela vaut la peine d’être écouté.

Sous l’extérieur usé que je lui avais trouvé d’abord, il avait un esprit d’une vigueur et d’une vivacité remarquables, L’enveloppe, ridée par la fatigue. et par la maladie, plutôt que par les années, recouvrait une âme pleine de jeunesse et d’une sève exubérante. Sa verve ne tarissait pas. C’étaient chaque jour des bons mots, des anecdotes sans nombre, des histoires de chasse merveilleuses, dans lesquelles ses anciens amis : Vardon, Cumming, Webb, Oswell, jouaient les principaux rôles.