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et d’inculquer à cet animal trop dodu quelques-uns des secrets de l’art culinaire.

Œufs frais, mouton gras, chèvre, laitage, fleur de farine, poisson, patates, oignons, bananes, pombé, vin de palme, etc., etc., avaient été pris au marché, ou procurés par le bon vieux cheik Moéni Khéri. Mais, hélas ! j’étais trop faible pour surveiller la cuisine, et le rôti fut brûlé, la tarte mal cuite, le dîner manqué. Si Férajji, le sacripant à cervelle obtuse, ne fut pas fouaillé, c’est que je n’en avais pas la force. Mon regard seul put lui témoigner ma colère ; un regard qui eût foudroyé un homme de cœur ; mais le traître se mit à rire, et profita, je crois, du rôti, des pâtés, des entremets et de tout ce que sa négligence avait rendu immangeable pour des civilisés.

Nous n’avions plus qu’à partir. Séid ben Medjid, à la tête de trois cents hommes, ayant tous des mousquets, avait quitté Djidji pour aller attaquer Mirambo, le noir Bonaparte qui lui avait tué son fils. Un beau guerrier que ce vieux chef, intrépide, altéré de vengeance, et tenant à la main son fusil d’une longueur qui dépassait deux mètres. Il s’était mis en marche le 13 décembre. Nous étions alors sur le Tanguégnica ; mais avant de s’éloigner il avait donné des ordres pour qu’on nous laissât l’usage de son canot. Une seconde pirogue, beaucoup plus grande, nous était gracieusement prêtée par Moéni Khéri. J’avais acheté des ânes, dont l’un était destiné au docteur, pour le cas où la marche lui deviendrait pénible. Nous avions des chèvres laitières et quelques moutons gras, en prévision de la traversée des jungles. La bonne Halimâ nous