Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/228

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vous remercier de l’extrême bonté qui vous a inspiré son envoi, je me sens complètement à l’aise.

Quand je vous aurai dit l’état dans lequel il m’a trouvé, vous comprendrez que j’aie de bonnes raisons pour employer, à votre égard, les termes les plus forts d’une ardente gratitude.
J’étais arrivé au pays de Djidji, après une marche de six cent cinquante à huit cents kilomètres, sous un soleil éblouissant et vertical, ayant été harcelé, trompé, ruiné, forcé de revenir alors que je touchais au but, obligé d’abandonner ma tâche dont j’apercevais la fin, et cela par des métis musulmans que l’on m’envoyait de Zanzibar, des esclaves au lieu d’hommes.
Cette douleur, aggravée par les tableaux navrants, que j’avais eus sous les yeux, de la cruauté de l’homme envers ses semblables, faisait chez moi de grands ravages et m’avait affaibli outre mesure ; je me sentais mourir sur pied. Je n’exagère rien en disant que chacun de mes pas dans cet air embrasé était une souffrance, et que j’arrivai à Djidji à 1’état de squelette.
Là, j’appris que des marchandises que j’avais demandées à Zanzibar, et qui valaient encore douze mille cinq cents francs, avaient été confiées à un ivrogne, qui, après les avoir gaspillées sur la route, pendant seize mois, avait fini par acheter, avec le reste, de l’ivoire et des esclaves, dont il s’était défait.
La divination, au moyen du Coran, lui avait, disait-il, appris que j’étais mort. Il avait envoyé, à ce qu’il ajoutait, des esclaves dans le Mégnéma pour s’assurer